samedi 10 février 2018

Une semaine et ta pleine conscience.

Cela fait aujourd hui une semaine que tu as découvert ta maison.
Une semaine que déjà, nous avons quitté notre quotidien Hanoien.

Il y a une semaine tu découvrais des poissons dans un aquarium, la ceinture de sécurité, le siège auto, les montagnes et les prairies.
Tu t arrêtais net dans la maison, à 2 mètres de la porte d entrée... parce que trop c est trop.
Parce que tu savais très bien ce que tout ça représentait. Parce que ce long voyage prenait fin. Enfin.
Et... trop c'était trop...
Alors tu m a regardé, les yeux suppliants qu' on te laisse tranquille, juste un peu... juste le temps que tu reprennes ton souffle.
Alors je t ai mis sur le canapé... et je t ai créé une bulle... couverture, doudou, un dessin animé. Et... la paix.... juste un peu...
Plus de sollicitations, plus de découvertes... juste une petite pause....

Et puis... et puis une demie heure après ça allait mieux... on pouvait aller visiter le reste de la maison....

Cette semaine, il a neigé... on nous a demandé comment tu avais réagi...
Et j ai essayé d expliquer que la neige était le cadet de tes soucis. Qu' après tout ce que tu découvrais au jour le jour, la cloche de l église, les vaches, le bain, la machine à café, le micro ondes.... la neige n était qu' un détail parmi tant d autres.

A y bien réfléchir... je me demande comment tu fais pour ne pas devenir fou...

Et puis... tes premiers mots... maman, papa...merci,  et tu repetes les mots qui t intéressent... tu les oublies quasi instantanément mais c est pas grave.
Tu ne veux pas aller te brosser les dents le soir... parce que tu sais très bien qu' après il faudra aller te coucher ... et le coucher... non... tu n es pas d accord! Parce qu' il y a encore tellement de choses à faire!!!!
Et puis.... même si tu as confiance en nous.... as tu assez confiance en la vie pour être certain que demain nous serons là?
Mais ta force c est justement ça... ta confiance... tu t adaptes a n importe quoi... et n importe qui... du moment qu' on te laisse une heure, un ballon de baudruche et notre présence.... c est fou!

Il y a encore  3 semaines j aurai mis ma main au feu que le lien dont on nous parle depuis si longtemps allait être plus difficile avec toi parce que tu es plus âgé.
Quelle idiotie quand on y pense.
Je crois que justement.... ton âge favorise le lien. Tu sais. Tu comprend. Tu "résilies" . Tu vis.
Tu n es pas dans une démarche oû tu subis. Tu es dans un état d esprit de découverte en pleine conscience.

C est magique.
Tu es magique.

Tu es en pleine conscience ... déjà.... quand moi je m' étonnes encore de trouver un petit garçon dans sa chambre ou que je vois ta frimousse dans le rétroviseur.
Tu es en pleine conscience quand moi je n ai pas encore "compris" que tu es enfin là.
Tu es en pleine conscience... et moi j ai a peine conscience...


jeudi 1 février 2018

La promesse

J' avais prévu de faire un discours, parce que, normalement, à la remise officielle, on fait un discours.
Moi qui suis toujours très, trop, bavarde, j' avais pris soin de choisir mes mots, de ne pas être dans le trop, mais de ne pas être dans le pas assez non plus. 
Mais la situation a ete telle, que la remise officielle s 'est faite, entre 2 couloirs, avec 2 personnes, sans president, sans repas, sans discours. Juste un bout de papier signé sur bout de bureau. 
Honnetement, je ne m' en plains pas. 
Nous n' avons pas besoin de remise officielle pour te considérer comme notre fils. nous étions tellement contents de t 'avoir enfin avec nous, que vraiment, rien d 'autre n' avait d importance. 

Ce matin j' ai commencé à faire les valises, et je suis tombée sur un bout de papier, soigneusement plié en 4, qui avait glissé sous le lit.
Quand je l' ai ouvert, j' ai vu les ratures, j' ai vu combien j' avais manipulé ce bout de papier dans mes mains. 
Et je l' ai relu. 
C 'est bete, mais ces mots, ce bout de papier, c 'est une promesse... que je te fais, que je mefais, et que je fais au vietnam.
Demain tu t 'envoleras vers un autre pays, bien loin du Viêt nam. Je sais que tu comprends ce qui est en train de se passer. Mais tu ne peux pas comprendre, je crois, encore, tout ce que cela implique. 

Alors, je me dis, que je vais garder ce bout de papier froissé et raturé. 
Mais je me suis dit, que peut être, le fait de l' écrire, ici, était aussi une manière de faire cette promesse, devant témoins. De la finaliser pour de bon. De rendre leur réalité à des mots. 

"Nos 10 ans de vie commune, avec mon mari, ont toujours inclus l' enfant que nous voulions adopter. 
Cet enfant, dans notre idéal, a toujours vu le jour au Viet nam. 
Le Viet nam... ce pays, cette culture, ces odeurs, cette histoire, cette richesse, qui a vu naitre notre fils, qui a pris soin de lui. 
Nous louons ces racines qui seront siennes à jamais et que nous entretiendrons méticuleusement. 
Car le Viêt nam a pris soin de lui quand il a été oublié, nous prendrons soin que notre fils n' oublie jamais le Viêt nam.
Merci pour ce don...
Nous en serons à la hauteur."


Voilà...
Je fais cette promesse.
Tu n' oublieras pas le Viêt nam.
Et nous non plus.
Mais au delà du don que ce pays nous fait, je voulais aussi faire une autre promesse...

Quand je te sens t' alourdir sur ma poitrine, quand le sommeil te fauche, quand je prend dans ma main tes petits doigts, et que je découvre, et redécouvre chacun des plis de tes mains, chacun de tes grains de beauté. Quand je regarde tes jolis sourcils en accent circonflexes qui te donnent un air étonné quasi permanent... Je me dis que je ne peux pas ne pas penser à celle qui t' a mis au monde, qui a peut être le même grain de beauté,au même endroit. Qui a peut être le même air étonné que toi.
C 'est avant tout cette dame, qui, quand tu avais 6 heures de vie, a du te dire au revoir, et a fait en sorte que, un jour, nos chemins se croisent.
Alors, la promesse que je te fais, ici, devant témoins, c 'est qu' un jour, si tu le souhaites au delà de connaitre le Viêt nam, nous irons rencontrer cette dame.
Parce qu' elle fait partie de tes origines, elle aussi.

En attendant, sois Heureux mon fils, autant qu' en ce moment même, où tu frappes dans un ballon de baudruche de toutes tes forces, en riant de nous l' envoyer dessus.
Une semaine que tu es avec nous, et tes éclats de rires me ravissent depuis maintenant 3 jours.
Sois heureux mon fils.
Je te promet que jamais tu ne seras perdu, car toujours tu sauras d' où tu viens.