samedi 24 mars 2018

Heureux... ici ou là-bas...

Depuis 1 mois et demi que nous sommes rentrés, c 'est une idée,qui tourne, qui retourne, qui se cristallise puis se délite...
Je ne dirai même pas que c 'est une idée, c'est comme un sujet de philo.
Thèse, Antithèse, synthèse...
Le sujet aurait pu être: l'ignorance protège t' elle du sentiment de malheur?

voila voila voila...

Depuis que nous sommes rentrés, Timaël se dévoile et notre petit garçon est un garçon si joyeux, si remuant, si ... heureux, que personne dans notre entourage,ou même à l' école n' a pu s 'empêcher de nous dire " mais qu' il est heureux ce petit garçon"!
Je suis sa maman, alors, bien sur, je souris, et mon cœur de maman est plus que fier et satisfait de ce constat si positif.

Oui mais ( il y a toujours un "mais")...
Si on gratte un peu sous le vernis, et que l'on réfléchi.
Timaël était il malheureux à l' orphelinat?
Peut on être malheureux de ne pas vivre quelque chose que l'on ne connait pas?
Et voila... le débat est lancé, la bicyclette est en route.

Non, je ne pense pas que Timaël ait été malheureux au Vietnam.
Il avait auprès de lui des nounous qui s 'en occupait bien. A qui il manque.
Il avait auprès de lui une dizaine d' autres enfants... avec qui il n' était jamais seul.
Il mangeait, il jouait, il chantait.
Il ne connaissait pas la vie d 'un enfant auprès de ces parents.
Il ne connaissait pas la vie à l’extérieur de l'orphelinat.
Il était comme dans une bulle.
Mais était il malheureux? non je ne pense pas.
On ne souffre pas de ce que l 'on ne connait pas.
Il aurait pu souffrir du manque si il avait eu connaissance de son "état" spécial d' orphelin, que quelqu' un lui aurait expliqué ce qui était normal de vivre ou non.

Et je pense que c 'est là la raison principale de mon état dubitatif.

Timaël est si heureux ici.
Oui. il est heureux ici. Mais il était heureux la bas aussi.
Mais ici il a une "plus value" qu' il ne pensait pas avoir un jour, il ne connaissait pas cette possibilité.
Ici, il a accès a des biens matériels qu' il n' aurait pas eu la bas. Mais est ce un bonbon qui rend vraiment heureux un enfant?
Ici il a aussi des phrases d' amour que les nounous ne se permettaient surement pas. C 'est à la limite la seule chose qui je pense peut être perçue par lui comme un "mieux". Les enfants ont besoin de mots d' amour pour s’épanouir. Ils ont besoin de mots d'amour pour exister.

Mais heureux ici.
Heureux la bas.

Je crois que c 'est bien là l' essentiel.
Qu' il n' ai jamais été malheureux.
Et qu' il trouve son équilibre dans la joie, la confiance,et la sérénité.



jeudi 15 mars 2018

La boîte...

J'ai fait un peu de place...
Voilà ce qui est écrit sur ta boite.
J'ai pris le temps de la choisir... je la voulais discrète mais grande, je la voulais Jolie, ke la voulais à la hauteur des espoirs que j'allais y glisser dedans.
Cette boîte c'est l'attente, le rêve.
C'est les pleurs, le désespoir.
C'est la foi, l'énergie.
C'est tout ce qui t'a amené à nous.
C'est Un Pépin dans la pomme qui couche sur le papier le quotidien de ces 4 dernières années.
C'est le blog de Timaël imprimé sur papier.

Cette boîte C'est ton histoire, c'est notre histoire.
Le avant, le pendant. Le pourquoi et surtout le comment.
C'est l'objectivité des mots, des administrations.
C'est le ton neutre et poli des refus qui ne veulent pas froisser.
C'est mes larmes de joie, mes larmes de peine.

C'est un peu de tes racines. Un peu de notre grossesse si particulière.
Et puis c' est aussi le peu des éléments que nous avons sur tes origines.

Cette boîte est un trésor.
Le tien.
J'y ai mis le contenu de mon coeur pour que tu saches... toujours...
J'ai veillé à imprimer mes mots. Ceux qui restent. Ceux qui ne partiront jamais.
Ceux qui te raconteront.
J'ai mis dedans mon amour, photographié sur papier glacé.
J' ai plié soigneusement tes affaires, tes sandales, le peu du toi d'avant que J'ai pu sauver.

Parce que, je le vois, tu t'adaptes si vite à cette vie, ce quotidien,
Je ne laisserai jamais tout cela s'effacer.
Je ne te laisserai jamais te questionner.
Tu auras dans cette boîte les témoins de ton histoire.
Tu auras dans cette boîte le tissage de notre famille.

Tu auras dans cette boîte la preuve que tu es un trésor.
Tu auras dans cette boîte mille raisons de nous aimer... ou mille raisons de nous détester.
Mais tu n'auras pas du rien.
Tu auras juste du Tout.

Du Tout ce qui nous à guidé jusqu'à toi, précieux trésor.

Prend soin de cette boîte.
On ne sait oû on va que lorsqu' on sait d'oû on vient...



samedi 3 mars 2018

1 mois de toi

1 mois de toi. Ici. 1 mois et une semaine de toi avec nous.
Mon dieu, le temps défile, je ne me rend pas compte de sa rapidité...
Il y a encore un mois et une semaine justement, le temps s’égrainait avec une lenteur qui me rendait folle.
Et maintenant...chaque minute que je vis est vécue dans une intensité si différente.
La mécanique de l'attente m' avait propulsé, je m'en rend compte maintenant, dans une course effrénée du futur "quand", du futur "qui", de ma future vie. J'avais mis en place, dans ma vie, un obstacle à la possibilité de jouir pleinement du moment présent. Je n' avais pas, plus,  la possibilité, depuis plusieurs années maintenant de jouir de ce que la vie m'offrait... Même si je ne te connaissais pas encore, l'idée de toi me rendait inachevée.

Et aujourd'hui, un mois de toi... et chaque moment vécu avec toi, ou même loin de toi quand je travaille, a une saveur différente. Chaque minute est pleine, chaque instant est vécu avec une conscience décuplée. Je n'attend plus, je n'aspire plus a autre chose, je ne projete plus mon futur.
Je m' en fiche. Je suis dans le moment présent. et je savoure ma vie. J'ail' impression qu' avant toi, je n' étais pas pleinement maman de ton frère et de ta sœur. J' ai l' impression , depuis un mois, que c 'est comme si j' étais ENFIN maman. Comme si l' aboutissement de notre attente avait ouvert les vannes de la maternité... qu' elle soit biologique ou adoptive. J' ai l' impression d' être une bonne maman, une meilleure maman, depuis que tu es là.
Je savoure ce que je vis et ce que j' ai vécu aussi pour arriver à aujourd'hui.

Tu es dans ta nouvelle vie comme l' évidence d 'un petit doigt dans une main.
Tu es si...évident.
Et notre vie aujourd’hui est un peu à la même image: c 'est comme si nous avions vécu des années avec une main sans petit doigt, et que, du jour au lendemain on nous l' avait déplié.

Tu es notre 5 ieme doigt de la main, tu es cette évidence là.

Tu es un petit garçon pleins de surprises... aussi affectueux, joueur, et calme que boudeur, râleur, et énergique, tu as pris tes marques dans cette maison, dans ta fratrie, et dans ton cœur avec une facilité déconcertante. Tu comprend tout, tu commences à parler Français, doucement mais surement. Tu aimes les petits rituels du coucher avec maman. Avec papa ça se passe bien aussi, mais le coucher tu préfères avec maman.Avec papa tu bricoles plein de choses, et tu peux même toucher le plafond aussi souvent que tu lui demandes de te prendre dans ses bras. Tu chantes les comptines françaises en mode yaourt, tu as soudoyé ta sœur pour qu' elle te donne des peluches que tu met soigneusement dans ton lit le soir venu de façon a ce que l' on ne te vois plus dans ton lit. Tu aimes les gaufres, le chocolat, le pot au feu de maman, la saucisse de papa et bien sur.... le poulet!!!

En parallèle, tu apprend à gérer des sentiments qui t’étaient étrangers il y a encore 1 mois et une semaine.
L' un de ses sentiments, le plus difficile pour toi à gérer pour le moment, c 'est la frustration.
Ho mon dieu que ce sentiment t'es désagréable! Ta nouvelle vie est pleine de nombreux sujets de potentielle frustration... les bonbons, la télévision, les jeux, le chocolat, les activités extérieures... sont autant de sujets possiblement fâcheux. Tu es si boulimique de vivre tes expériences, de vivre cette nouvelle vie, que tu ne comprend pas le "non". Tu ne comprend pas que l' on puisse t 'empêcher de profiter de si bonnes choses. Mais je ne désespère pas, bientôt tu comprendras que la balançoire sera encore là demain, que les bonbons aussi, et que le "non" ne veux pas dire "jamais".

en ce moment même, tu es avec ton frère et ta sœur. Vous jouez tranquillement sur le canapé de votre petit salon. Je sais qu' a tout moment tu risques d 'arriver en courant, me planter un bisou sur la joue en souriant, me faire un câlin de 2 secondes et demies, repartir aussi sec voir papa, le secouer pour qu' il ne dorme pas sur le canapé ( tu n' aimes pas que papa s 'endorme sur le canapé), et repartir en riant a gorge déployée, fier de courir plus vite que papa, et heureux de me voir sourire à tes pitreries.

Voila...
1 mois de rires.
1 mois de câlins.
1 mois de bisous.
1 mois de mère accomplie.
1 mois de plénitude.
1 mois de bonheur.
1 moi de toi.